Ce matin-là, un léger mouvement attira mon attention vers la fenêtre. L’oiseau se posa sur la branche d’un arbre d’apparence inerte. Ses couleurs contrastaient avec celles de la vieille écorce rugueuse et desséchée. J’étais absorbé par ce moment. Puis lentement, ma pensée glissa le long du tronc pour ensuite s’enfoncer dans le sol jusqu’à en oublier tout ce qui s’y passe à la surface. Un nouveau monde fait d’interconnexions m’était offert. Autant de racines, de champignons, de bactéries, de vers et d’insectes cohabitaient en s’entremêlant dans les minéraux, les pierres et l’argile humide. J’étais en symbiose avec la profondeur du vivant. J’étais dans l’obscurité, alimentant le visible par l’invisible. Les racines de l’arbre se tordaient pour longer les fondations. Elles se fractionnaient pour aller toujours plus loin, serrant au passage la main de ses voisins. En transperçant le réseau de canalisation un ancien vestige, qui restait encore à découvrir, se laissa chatouiller par de fines radicelles. L’arbre gardera jalousement cette trouvaille encore bien longtemps. Ensuite, comme un plongeur voulant reprendre sa respiration, mes réflexions remontaient à la surface. Je sorti de l’humus brunâtre qui était fertile autant pour moi que pour l’arbre. Après un long moment dans mes rêveries, je revis l’oiseau sur la branche qui paraissait rajeunie. Il s’envola aussitôt, laissant derrière lui une luxure verdoyante.

© Texte et photo par Marc-André Huot.

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Titre: L’envol.

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