En cette journée d’hiver, il regardait la forêt, calme et dénudée. Son regard évaluait la scène comme étant une toile plutôt grise et neutre. Seul quelques feuilles de hêtre couleur ocre frémissantes lui faisant croire tantôt à un oiseau, plus tard à une petite bête. D’ailleurs il aperçut plusieurs de leurs traces dans la neige sans jamais les voir. Où sont-ils?

Pas à pas, il se renfermait de plus en plus dans sa solitude. La paix qui régnait dans cette forêt était atténuée par son propre souffle et par ses pensées. La nature poussait parfois elle aussi quelques sons destinés à mourir sans être écouté. Comme le bruit de la télé qui perdure, jouant en arrière-plan des programmes ; déprogrammé. Dans sa tête les idées se bousculaient. L’envie d’être ici était forte, mais celle de là-bas et de s’échapper l’était encore plus.

Parcourant les sentiers enneigés, il était loin d’imaginer que ce calme serait si bruyant. Il faisait maintenant face à lui-même. Il pensait à toutes sortes de choses. Au tort qu’il aurait pu causer à autrui, à dire je t’aime à ses enfants, à la personne qu’il voudrait devenir, aux efforts et à la constance que cela demandera. Il avait un peu peur, mais il alimentait la conversation avec lui-même et ses multiples pensées. Quelques autres trucs auraient pu être dit, mais ceux-là, il décida de les laisser se décomposer à l’intérieur.

Les journées étaient courtes et il était temps de rentrer vers la maison. Il fallait bien réchauffer un brin le poêle à bois. Avant de retourner à l’intérieur, il prit quelques bûches puis leva la tête vers le ciel. La lune était déjà là et les étoiles commençaient à poindre. La lueur dessinait les contours des arbres et il déposa les bûches pour apprécier plus longuement ce moment de calme. Enfin, la poussière de ses idées retombaient lentement comme la neige de janvier.

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Sentier enneigée, Saint-Élie-de-Caxton.

© Texte et image par Marc-André Huot.